Bulletin d'information n°81. Avril 2015
« Contre la privatisation du secteur de la santé »
Voici, mal exprimé, un des chevaux de bataille des grévistes de la santé durant leur mouvement de protestation des 28 et 29 avril dernier (1). A côté de leur réclamation d'un statut propre aux internes, ils désirent que les pouvoirs publics, et particulièrement leur département de rattachement, adoptent une politique claire pour le rétablissement de l'aura du secteur public de la santé.
En effet, celui-ci, rongé par la perte de repères éthiques et parfois simplement déontologiques, amoindri par les départs massifs dans le privé, miné par une concurrence malhonnête avec le secteur privé - concurrence endogène et exogène - le secteur public de la santé peine à se maintenir. Son excellence d'antan n'est plus, sauf dans la conscience, la rigueur et les gestes de quelques praticiens.
Les pouvoirs publics, débordés par des problèmes accumulés durant quatre années de laxisme, par des mouvements sociaux répétés, par des moyens réduits, cherchent à parer au plus urgent, n'ayant plus le temps d'élaborer une stratégie d'ensemble. Ainsi, l'hôpital public, en souffrance, continue de fonctionner et les apparences sont sauvées.
Pour en revenir à la concurrence néfaste qu'il subit face à un secteur privé débridé et incontrôlé, lieu d'assouvissement de toutes les tentations lucratives, nous ne ferons que rappeler - bis repetita (2)- les dangers inhérents à l'actuelle politique d'encouragement du fameux « tourisme médical ». Tel qu'il est aujourd'hui pratiqué en Tunisie, celui-ci relie d'une manière ostentatoire la médecine et le tourisme.
Il faut comprendre et admettre que, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui en Tunisie, le tourisme médical est vecteur de dangers et de risques. Il n'est encadré par aucun texte ou norme, ce qui logiquement mené à voir de nombreuses dérives. Il demeure pour l'heure uniquement comme un vecteur de devises pour le pays et, plus prosaïquement, comme une source d'enrichissement rapide pour les agences spécialisées et -pourquoi le nier ? - pour les praticiens impliqués avec elles.
Le tourisme médical est en fait l'une des manifestations de l'impuissance publique, incapables de s'imposer en ce domaine en arrêtant ses modalités et ses normes de fonctionnement, son système de responsabilité et de réparation de dommages, ses manuels de procédure ou encore son régime assurantiel.
(1) Tunisie: Grève dans le secteur de la santé les 28 et 29 avril contre "la politique de privatisation du secteur". http://www.huffpostmaghreb.com/2015/04/23/tunisie-sante-greve_n_7124970.html
(2) Voir notre bulletin du mois de mars 2014. http://www.atds.org.tn/b80.html
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