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Bulletin d'information n°52. Mars 2012
Qu'apporte la démocratie à la bioéthique ? Réflexions à partir d'une révolution
A priori il existe un paradoxe entre les mots de démocratie et de bioéthique.
Si l'on cherche en effet à opposer le régime politique,
la forme d'organisation du pouvoir politique et ce qui est communément défini comme l'éthique du vivant,
il est certain que la mise en rapport manque de sens et ne peut manquer de surprendre.
Mais si l'on entreprend une démarche plus réfléchie, en prenant la démocratie comme
le renvoi à l'idée de souveraineté du peuple et la bioéthique comme ce qui est " bon et utile pour l'Homme ",
au regard des valeurs de notre société, comme garantie du respect de la dignité humaine les deux termes apparaissent soudain très proches.
Car entre les deux se trouve l'Homme, dans sa globalité, ses forces et ses fragilités, sa projection vers l'avenir.
Ce sujet n'est pas seulement d'actualité par rapport à la Tunisie ; il est surtout un sujet d'intérêt fondamental. Il ne permet
pas uniquement de se positionner relativement à des thèmes porteurs mais de réfléchir à des rapports profonds et renouvelés,
particulièrement pour ce qui concerne notre pays.
Des contraintes réciproques et parfois paradoxales lient la démocratie et la bioéthique car si la première revalorise l'Humain
en le libérant et en instaurant de nouveaux rapports, elle complique cependant la mise en œuvre des règles de bioéthique.
La démocratie libère
Elle libère d'abord les acteurs et leurs comportements. Les initiatives et les contacts se font plus francs car moins contrôlés. Les réseaux se créent et les rencontres se multiplient.
Elle libère ensuite la parole. Dans un cadre démocratique, tous les sujets peuvent librement être débattus. Les décideurs s'en trouvent davantage interpellés.
Elle libère enfin la critique. Les textes et les prises de décisions sont scrutés et jaugés. Des appels à la réforme des mauvaises lois, notamment dans les domaines de bioéthique, se font francs, parfois pressants.
Mais cette libération amène des craintes : dans ce magma bouillonnant et parfois incontrôlé de liberté nouvelle d'un Etat en transition démocratique comment éviter les déviations ?
Comment éviter à la fois la surenchère démocratique qui nuirait même à la bioéthique, la pensée dominante de la démocratie mondialisée et les déviations d'une majorité élue?
Des sujets sensibles tels celui de l'avortement, de la médecine de la reproduction ou des dons d'organes deviennent des sujets non plus à discuter mais à éviter.
La démocratie contraint
D'abord elle contraint positivement à signer des conventions qui instaurent le cadre le plus adéquat à la mise en place d'un véritable débat éthique.
Ensuite elle contraint à écouter : écouter le faible ou le dominé, qu'il soit citoyen ou patient. Une conception nouvelle du corps s'impose où celui-ci est revalorisé.
Des principes se font péremptoires : dignité des personnes, droit à l'information, liberté du consentement.
Enfin, elle contraint à se fondre dans des moules imposés par des plus grands que soi : instances internationales ou normes techniques,
se dire démocratique oblige les pouvoirs à monter leur bonne foi, à faire preuve de docilité à l'égard de ces diktats bioéthiques.
Au final, c'est à se demander si la bioéthique, comme la démocratie est identiquement propre à tous les pays, ou si elle ne être que transposée ?
Devrions-nous alors nous fondre dans le moule de la bioéthique du monde démocratique ?
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