Face à un/ des grévistes de la faim, le médecin vit un réel dilemme, appelant à une réelle réflexion éthique, mais en tenant compte de certaines considérations juridiques.
La grève de la faim peut être définie comme le refus d'une personne saine de corps de s'alimenter. Elle constitue un moyen de pression par lequel le gréviste exprime son
refus d'une situation estimée intolérable ou insupportable, une manière physique et extrême de contestation. Le gréviste de la faim agit volontairement et use de son corps
pour s'exprimer en se basant sur le droit reconnu, incontesté, mais juridiquement limité de disposer de son corps.
Le gréviste de la faim en mettant sa vie en danger, peut être considérée comme une personne vulnérable. Ainsi, le gréviste de la faim se jette volontairement dans le monde de la faim.
En Tunisie, on a connu plusieurs cas de gréviste de la faim, notamment des journalistes ou des prisonniers d'opinion, des jeunes chômeurs diplômés. La question qui se pose ici est de
connaître l'attitude des médecins face à un gréviste de la faim, et si ce dernier a les mêmes droits qu'un patient?
Il est clair que l'accompagnement d'un gréviste de la faim comporte plusieurs contradictions.
Les règles du Code de déontologie médicale tunisien s'imposent aux médecins mais ce code, datant de 1993 , ne mentionne pas spécifiquement le cas de la grève de la faim : déontologiquement,
le médecin doit toujours avoir pour but de préserver ou de sauver la vie humaine. Tenu d'informer le gréviste des conséquences de son attitude et de respecter, au nom du principe d'autonomie, la volonté du gréviste,
soit son refus d'alimentation et peut-être même de soins, le médecin se retrouve face à un choix douloureux où sa conscience et son éthique personnelles devraient l'aider à décider.
On constate que ce conflit de valeurs dévoile la présence d'une réflexion éthique (II). Toutefois, le médecin est tenu de respecter certaines obligations (I).
Hanène TURKI