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Bulletin d'information n°43. Mai 2011

QUELQUES REFLEXIONS SUR L'AVORTEMENT MEDICAMENTEUX - RENCONTRE PORTANT SUR "L'AVORTEMENT MEDICAMENTEUX" - 28 mai 2011 - Hôtel BARCELO CARTHAGE THALASSO, Gammarth



Portant atteinte à un droit fondamental qui est le droit à la vie, l'interruption volontaire de grossesse continue de susciter des débats passionnés. Longtemps interdite, cette pratique aujourd'hui règlementée reste largement utilisée et ce, en dépit des politiques et moyens de contraception. Médicalement, on considère que l'avortement est un des actes médicaux les plus sûrs dans les pays où il est légalisé.

Le droit à l'avortement - pouvant être défini comme le droit de pouvoir interrompre avant son terme le processus de gestation (1) - est une liberté fondamentale pour les femmes. C'est pour elles la liberté de disposer de leur corps et la possibilité de réaliser leurs propres choix de vie. C'est un pas vers l'autonomie puisque cela leur permet d'exister autrement qu'en tant que mères. L'IVG consiste à pratiquer un avortement pour des raisons non médicales (en opposition avec l'IMG ou interruption médicale de grossesse.

L'avortement n'est donc pas une méthode contraceptive mais l'aboutissement inéluctable d'une contraception mal conduite ou inexistante. Elle peut être également plus douloureuse lorsqu'elle est la conséquence de situation de rupture ou de violence sociale.

Si le choix de recourir à une IVG est un choix souvent délicat, il s'accompagne désormais d'un autre dilemme, le choix de la technique à adopter. A la traditionnelle technique " chirurgicale ", par aspiration, est venu s'ajouter depuis les années 80 la technique de l'IVG médicamenteuse(2). Réservée à des grossesses peu avancées, c'est-à-dire inférieures à cinq semaines de grossesse (suivant la loi française, soit sept semaines d'aménorrhée), elle est en principe efficace à 97/98?% (contre pratiquement 100?% pour l'avortement par aspiration). En cas d'échec, la possibilité de procéder à une IVG chirurgicale reste envisageable. D'une façon générale, ces deux méthodes sont équivalentes du point de vue de la sécurité.

Méthode considérée comme révolutionnaire lors de son apparition, car véritable alternative à l'avortement chirurgical et pouvant être vu comme un médicament de thérapie, l'IVG médicamenteuse n'en demeure pas moins ambiguë et d'application délicate.

Tout d'abord, cette méthode ne semble pas faire l'objet d'une réglementation stricte, et cela conduit à diverses interrogations à son propos. Nécessite-t-elle une hospitalisation ou peut-elle être pratiquée à domicile ? Dans ce cas, sous quels contrôles et à qui incombe la responsabilité en cas de complication ? Par qui doit-elle être prescrite ? Quelle est la teneur des informations sur les risques et les possibles effets secondaires de cette méthode et qui est chargé de les diffuser ?

Ensuite, peut-elle être administrée aux adolescentes ? Concernées par l'IVG, le recours à l'avortement médicamenteux semble préférable pour elles car plus facile à pratiquer et leur permettant d'éviter le recours à la chirurgie, souvent traumatisante.
Mais surgissent alors d'autres sortes de problèmes. Qui décidera alors de l'administration des médicaments ? Une simple ordonnance suffira-t-elle ou faudra-t-il l'autorisation des parents, souvent impossible à obtenir dans notre pays, ou a tout le moins l'autorisation d'un adulte comme cela est admis dans certains pays (France) ? Lorsqu'elles recourent à cette pratique, les adolescentes ont besoin d'un environnement qui les soutienne, dans lequel elles peuvent exprimer leurs besoins, leurs peurs et leur gêne - sans craindre d'être jugées ou méprisées. Sommes-nous prêts à leur assurer cela ? Cela semble pour l'instant difficile.

Perçue au départ comme devant permettre d'éviter les complications et les séquelles des avortements clandestins, et permettre aux femmes d'accéder à une contraception efficace, il est aujourd'hui impératif que les pouvoirs publics se penchent sur cette question. Leurs politiques devront être orientées de façon à améliorer la santé des femmes, à fournir des informations et des services de qualité en matière de planification familiale.

L'avortement médicamenteux constitue sans aucun doute un choix pour assurer l'égalité des femmes, notamment dans les milieux défavorisés et les endroits où l'accès aux méthodes chirurgicales est limité. Cependant, il ne doit pas être banalisé par le droit ou par la pratique.
L'absence de réglementation peut conduire à une certaine résistance à son utilisation. Il ne faudrait pas que cette lacune persiste, la femme et son médecin étant seuls juges en la matière et ne devant pas subir les contraintes qu'un système de santé dépassé lui imposerait.

Sophie DABBOU-BEN AYED
Professeur à l'Université de La Manouba

(1) Cf. définition wikipédia (" c'est-à-dire le développement qui commence à la conception par la fécondation d'un ovule par un spermatozoïde formant ainsi un œuf, se poursuit par la croissance de l'embryon, puis du fœtus, et qui s'achève normalement à terme par la naissance d'un nouvel individu de l'espèce ").
(2) Cet avortement chimique consiste en l'ingestion successive de deux produits : la mifépristone (plus connue sous l'appellation RU 486), à action antiprogestative, et qui a pour effet d'interrompre la grossesse, et le misoprostol, analogue de la prostaglandine E1, qui augmente les contractions et permet l'évacuation de l'œuf. L'association de ces deux produits permet un avortement avec expulsion complète de l'embryon.


 
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