UNITE  DE  RECHERCHES « Santé-éthique-argent » (04/UR/0501)

 

 

Colloque  international « risque et  précaution »

Tunis les  11 et 12 décembre 2009

 

Argumentaire

 

 

Nos  sociétés  changent. Les  facilités et  le  confort  engendrés  par  les  nouvelles  techniques et  les  nouvelles  technologies  modifient insidieusement nos  comportements et nos perceptions. Sans  que l’on  s’en rende  compte, notre  mode  de  vie a  intégré   ces  nouvelles  technologies que  l’on  arrive à utiliser  sans  en  appréhender  totalement  les  risques. L’évocation de  leurs  domaines, lorsqu’on  prend  le  temps de  s’y  attarder, les  fait apparaître   variés  et  nombreux, du  plus  anodin  au  plus  exceptionnel. Les  plus médiatisés  d’entre  eux , telles  les  biotechnologies, ne  sont  pas  forcément  les  plus  dangereux puisqu’ils  sont  d’utilisation  ponctuelle  et  professionnelle. Il  ne  faudrait  pas  omettre d’autres  risques plus  banals  et  donc moins  connus, inhérents à toutes  sortes  d’activités  humaines : risques  industriels, médicamenteux, alimentaires…

 

Le risque  serait-il devenu omniprésent ? En a-t-il  toujours  été  ainsi  ou serait-il  le  prix à payer pour être dit « développé » ? A quelle aune mesurera-t-on  ce  développement ? Toute  société génère-t-elle ses  risques  quelque  soit son niveau  de  développement ? L’appel  à  l’histoire  s’avère  ici  indispensable  pour  tenter  une  recomposition et  une  relativisation.

 

Il est  par ailleurs  remarquable  de  constater que  si les  évolutions  scientifiques  et  technoscientifiques  sont  quasiment  identiques  dans  tous  les  pays  ayant  atteint  un  certain  degré  de  développement, les  réactions  face  à  leurs  retombées et  à  leurs  conséquences  diffèrent  sensiblement. L’attitude  face  au  risque  serait-elle  guidée  ou  du  moins  orientée  par  la  culture  et  l’histoire  de  chacun d’entre  nous ? L’approche  de  précaution, plus  discursive  et  malléable  que  le  principe  de  précaution n’appartiendrait-elle  qu’à  certains ?

 

Tout comme  il  apparaît  que  les  langages  usités  par  les  scientifiques  de  disciplines  diverses  ne  sont  pas  identiques. Ainsi  si  les tenants  des  sciences  fondamentales  et  expérimentales  crient  à  l’hallali  face  au  principe  de  précaution, celui-ci  est  cher aux  yeux  d’un  grand  nombre  de  ces  derniers. La  science ne  semble pas  voir  la  même  vérité  objective  avec  le  même  regard. Le  regard de  ces experts   devient  alors  indispensable  pour  comprendre leur  langage et  leur  mode de  raisonnement, éviter  l’obscurcissement dans  notre  discipline  d’origine. Tout  ceci explique que les  réactions  face  aux  risques varient sensiblement de  la  stratégie  raisonnée à  l’interdiction de  prise  de  certains risques, couvrant  une  palette  de  situations.